LA FEMME D’AFFAIRES
Marie-Catherine Trottier
Celle qui commande
Parmi les enfants d’Antoine Trottier Desruisseaux, le profil de Marie-Catherine s’impose. Comme son père, elle fait preuve d’un redoutable sens des affaires et d’un leadership hors du commun. Pas pour rien qu’on la surnomme la mère des Beaubien d’Amérique.
MARCHANDE DE FOURRURES
Marie-Catherine Trottier naît en 1679 à Batiscan. Elle s’implique rapidement dans les affaires de son père. En 1696, à l’âge de 17 ans, elle épouse Jean Cuillerier dit Léveillé, coureur des bois et fils d’un important marchand de fourrures de la région de Montréal.
Sitôt mariée, Marie-Catherine amorce sa carrière de marchande de fourrures tout en mettant au monde sept enfants.
SE RÉVÉLER DANS L’ÉPREUVE
Jean Cuillerier dit Léveillé meurt en 1710 au cours des travaux de réfection du fort de Lachine. Marie-Catherine est désormais seule aux commandes du clan qui se dessine.
Maîtresse-femme, elle protège et fait fructifier les biens et les routes de traite contrôlées par son feu mari.
UNE FAMILLE RECONSTITUÉE
En Nouvelle-France, une veuve possédant des biens ne reste pas seule bien longtemps. Si le premier mariage de Marie-Catherine a été décidé par son père, il est probable que le second ait également répondu aux attentes du clan Trottier.
Le 27 mai 1714, Marie-Catherine s’engage, par contrat de mariage, à épouser François-Marie Picoté de Belestre, un officier de la Marine de 37 ans. D’origine parisienne, les Picoté de Belestre appartiennent à la noblesse française. Ils sont instruits, doués pour le commerce et estimés pour leurs talents militaires.
Ils bénéficient de nombreux appuis, tant en France qu’à Québec et à Ville-Marie, où ils sont établis depuis 1659. Veuf et sans enfants, il s’engage à entretenir jusqu’à leur majorité les cinq enfants de Marie-Catherine. Ils auront ensemble deux autres enfants.
LA PATRONNE
Marie-Catherine négocie librement, en son nom et au nom de son mari. Le couple emprunte et prête de l’argent en plus d’acquérir de nombreuses terres aux alentours de Montréal.
LA MÈRE DES BEAUBIEN D'AMÉRIQUE
François-Marie Picoté de Belestre meurt en 1729. Veuve pour la deuxième fois, Marie-Catherine ne se laisse pas abattre.
Les Trottier renforcent leurs assises dans la région des Grands Lacs et approvisionnent en fourrures le magasin de Julien Trottier Desrivières, frère de Marie-Catherine et « marchand bourgeois de Montréal ».
Marie-Catherine Trottier meurt le 24 février 1731. Cette authentique entrepreneure a fait grandir avec brio l’entreprise familiale fondée par son père Antoine Trottier.
Trois de ses enfants marcheront plus tard dans ses traces et s’adonneront au commerce des fourrures : Marie-Anne, Antoine et Jean-Baptiste.
À la suite du décès de son mari, Marie-Catherine Trottier illustre d’une manière remarquable l’adage selon lequel une personne se découvre lorsqu’elle se mesure à l’obstacle. La jeune veuve est l’une des premières femmes d’affaires en Nouvelle-France.