Le chef de clan
Antoine Trottier Desruisseaux
Celui qui inspire une génération de leaders
Authentique leader, Antoine Trottier Desruisseaux, troisième des cinq fils de Gilles Trottier et de Catherine Loyseau, est à la fois agriculteur, coureur des bois et marchand. Homme d’affaires avant la lettre, il parvient à transmettre son légendaire sens des affaires à ses enfants.
LA BOSSE DES AFFAIRES
Troisième des cinq fils de Gilles Trottier et de Catherine Loyseau, Antoine Trottier naît le 21 janvier 1640 à Igée, au Perche. Il a six ans lors de son arrivée au Canada. Après le décès de leurs parents, les fils Trottier survivent grâce à leur travail et à la générosité de la petite communauté du Cap-de-la-Madeleine.
Dès l’enfance, il démontre un éventail d’aptitudes spécifiques aux entrepreneurs. Petit agriculteur, il vend son propre blé ainsi que les grains produits par ses voisins. Propriétaire d’une vache, il en loue l’usage à ceux qui veulent du lait pour nourrir un enfant, soigner une personne malade ou faire provision de beurre.
Adolescent, il est fasciné par les expéditions de traite. Aux premiers froids, il s’éloigne du Cap-de-la-Madeleine en compagnie de coureurs des bois pour explorer le continent. Comme Charles Aubert de La Chesnaye, qu’il côtoie à quelques reprises, il est résolu à s’imposer sur le marché des fourrures.
Son ambition hors du commun lui permet, à moins de 20 ans, de diriger une expédition qui le mène jusqu’aux confins du lac Supérieur.
UNE ENTREPRISE FAMILIALE
Véritable chef de clan, Antoine Trottier impliquera ses frères et leur famille ainsi que ses enfants dans ses affaires. Ceux-ci lui serviront d’antennes sur la route des fourrures, de Montréal à Détroit.
En 1663, Antoine Trottier se marie avec Catherine Lefebvre. Cette femme énergique lui donnera 12 enfants et participera activement aux affaires de la famille.
En 1670, Antoine Trottier – alors âgé de 30 ans – part s’installer avec sa femme et ses enfants près de Batiscan, en Mauricie, où les Jésuites lui concèdent une terre.
Ils veillent ainsi à assurer à leurs enfants une éducation digne de ce nom.
En 1683, ils embauchent Pierre Bertrand, diplômé de l’Université de Paris, pour qu’il enseigne à leurs enfants à lire, à écrire et à calculer, savoirs dont la plupart de leurs jeunes compatriotes de Nouvelle-France sont privés.
S’ARRÊTER POUR MIEUX SE RENCONTRER
Antoine Trottier développe de front l’agriculture et le commerce. Le site qu’il occupe près de l’île Saint-Éloi se révèle stratégique. Le lieu est une halte importante où se rencontrent les canoteurs amérindiens et les marchands français pour faire du commerce. Antoine saute sur l’occasion pour consolider sa part dans la traite des fourrures.
Le succès est au rendez-vous. Enrichi par ses activités commerciales, Antoine Trottier s’attribue le titre de « marchand bourgeois de Batiscan » ainsi que le surnom Desruisseaux, qui le distingue de ses frères.
TOUT UN RÉSEAU DE HALTES SUR LA ROUTE DES FOURRURES
Pour dynamiser et rentabiliser davantage les échanges commerciaux, Antoine Trottier acquiert de nombreuses îles dans le but de créer un réseau de haltes. Celles-ci servent de sites de campement aux canoteurs qui voyagent sur le fleuve, la rivière des Outaouais et le lac des Deux Montagnes en direction de Détroit et des Grands Lacs.
L’ENTREPRENARIAT EN HÉRITAGE
L’adhésion des enfants d’Antoine Trottier Desruisseaux à ce projet de haltes est la clé du succès.
En 1697, Marie-Anne Trottier Desruisseaux épouse le commerçant Raymond Martel de Brouage. Elle devient en 1708 la seigneuresse de Lachenaie.
En 1699, Pierre Trottier Desruisseaux devient seigneur de l’île aux Hérons.
En 1701, Michel Trottier dit Beaubien devient seigneur de la Rivière-du-Loup-en-Haut.
En 1708, Joseph Trottier Desruisseaux, très actif dans l’embauche de coureurs des bois, devient à son tour seigneur de l’île Perrot.
Marie-Catherine Trottier épouse en 1696 Jean Cuillerier dit Léveillé, fils d’un marchand de fourrures allié de son père. Elle accède ainsi aux propriétés de la famille Cuillerier au pied des rapides de Lachine, emplacement stratégique pour le commerce des fourrures.
Mais l’entreprise familiale qu’il a fondée continue de grandir grâce à l’implication de tous ses enfants.
Antoine Trottier a manifesté son leadership dès l’enfance. Il a compris que dans sa quête d’un avenir meilleur, un véritable leader doit aider les gens autour de lui à devenir eux-mêmes des leaders.