Le chef de clan

Antoine Trottier Desruisseaux

1640
1706

Celui qui inspire une génération de leaders

Authentique leader, Antoine Trottier Desruisseaux, troisième des cinq fils de Gilles Trottier et de Catherine Loyseau, est à la fois agriculteur, coureur des bois et marchand. Homme d’affaires avant la lettre, il parvient à transmettre son légendaire sens des affaires à ses enfants.

LA BOSSE DES AFFAIRES

Troisième des cinq fils de Gilles Trottier et de Catherine Loyseau, Antoine Trottier naît le 21 janvier 1640 à Igée, au Perche. Il a six ans lors de son arrivée au Canada. Après le décès de leurs parents, les fils Trottier survivent grâce à leur travail et à la générosité de la petite communauté du Cap-de-la-Madeleine.

La Charette. Louis Le Nain, 1641.

Dès l’enfance, il démontre un éventail d’aptitudes spécifiques aux entrepreneurs. Petit agriculteur, il vend son propre blé ainsi que les grains produits par ses voisins. Propriétaire d’une vache, il en loue l’usage à ceux qui veulent du lait pour nourrir un enfant, soigner une personne malade ou faire provision de beurre.

Jeune Berger avec vaches. Aelbert Cuyp, v. 1655-1660.

Adolescent, il est fasciné par les expéditions de traite. Aux premiers froids, il s’éloigne du Cap-de-la-Madeleine en compagnie de coureurs des bois pour explorer le continent. Comme Charles Aubert de La Chesnaye, qu’il côtoie à quelques reprises, il est résolu à s’imposer sur le marché des fourrures.

Sir Alexander Mackenzie traverse les Rocheuses, 1793. Arthur Heming, v. 1890.

Son ambition hors du commun lui permet, à moins de 20 ans, de diriger une expédition qui le mène jusqu’aux confins du lac Supérieur.

UNE ENTREPRISE FAMILIALE

Les Montréalistes. Francis Back, 1992.

Véritable chef de clan, Antoine Trottier impliquera ses frères et leur famille ainsi que ses enfants dans ses affaires. Ceux-ci lui serviront d’antennes sur la route des fourrures, de Montréal à Détroit.

En 1663, Antoine Trottier se marie avec Catherine Lefebvre. Cette femme énergique lui donnera 12  enfants et participera activement aux affaires de la famille.

En 1670, Antoine Trottier – alors âgé de 30  ans – part s’installer avec sa femme et ses enfants près de Batiscan, en Mauricie, où les Jésuites lui concèdent une terre.

Antoine et Catherine savent bien que la richesse n’est rien sans le savoir.

Ils veillent ainsi à assurer à leurs enfants une éducation digne de ce nom. 

En 1683, ils embauchent Pierre Bertrand, diplômé de l’Université de Paris, pour qu’il enseigne à leurs enfants à lire, à écrire et à calculer, savoirs dont la plupart de leurs jeunes compatriotes de Nouvelle-France sont privés.

Le Maître d'école. Adriaen Van Ostade, 1662.

S’ARRÊTER POUR MIEUX SE RENCONTRER

Antoine Trottier développe de front l’agriculture et le commerce. Le site qu’il occupe près de l’île Saint-Éloi se révèle stratégique. Le lieu est une halte importante où se rencontrent les canoteurs amérindiens et les marchands français pour faire du commerce. Antoine saute sur l’occasion pour consolider sa part dans la traite des fourrures.

Le succès est au rendez-vous. Enrichi par ses activités commerciales, Antoine Trottier s’attribue le titre de « marchand bourgeois de Batiscan » ainsi que le surnom Desruisseaux, qui le distingue de ses frères.

Samuel de Champlain à l’Île St-Éloi, vers 1609. Brian O'Keefe, s.d.

Rapides sur la rivière Batiscan. Bestchai, s.d.

TOUT UN RÉSEAU DE HALTES SUR LA ROUTE DES FOURRURES

Pour dynamiser et rentabiliser davantage les échanges commerciaux, Antoine Trottier acquiert de nombreuses îles dans le but de créer un réseau de haltes. Celles-ci servent de sites de campement aux canoteurs qui voyagent sur le fleuve, la rivière des Outaouais et le lac des Deux Montagnes en direction de Détroit et des Grands Lacs.

Voyageurs à l’aube. Frances Anne Hopkins, 1871.

L’ENTREPRENARIAT EN HÉRITAGE

L’adhésion des enfants d’Antoine Trottier Desruisseaux à ce projet de haltes est la clé du succès.

En 1697, Marie-Anne Trottier Desruisseaux épouse le commerçant Raymond Martel de Brouage. Elle devient en 1708 la seigneuresse de Lachenaie.

En 1699, Pierre Trottier Desruisseaux devient seigneur de l’île aux Hérons.

Les enfants d’Antoine Trottier héritent de l’ambition de leur père.

La Famille heureuse. Louis Le Nain, 1642.

En 1701, Michel Trottier dit Beaubien devient seigneur de la Rivière-du-Loup-en-Haut.

En 1708, Joseph Trottier Desruisseaux, très actif dans l’embauche de coureurs des bois, devient à son tour seigneur de l’île Perrot.

Marie-Catherine Trottier épouse en 1696 Jean Cuillerier dit Léveillé, fils d’un marchand de fourrures allié de son père. Elle accède ainsi aux propriétés de la famille Cuillerier au pied des rapides de Lachine, emplacement stratégique pour le commerce des fourrures.

Sépulture d’Antoine Trottier. Denis Givogue, 1706.

Antoine Trottier meurt en 1706 à l’âge de 67 ans. 

Mais l’entreprise familiale qu’il a fondée continue de grandir grâce à l’implication de tous ses enfants.