Le pionnier
Jean Baptiste Beaubien
Celui qui fonde Chicago
Coureur des bois, marchand prospère, Jean Baptiste Beaubien hérite de l’ambition de son arrière-grand-mère Marie-Catherine et du goût de l’aventure de son arrière-arrière-grand-père Antoine. Chassé de Détroit, il fonde sur les ruines du fort Dearborn l’une des plus grandes villes d’Amérique : Chicago.
Leader né, grand allié de plusieurs tribus des Premières Nations, père d’une vingtaine d’enfants, Jean Baptiste devient l’homme le plus prospère de la Ville des vents.
La malice d’un homme lui réserve toutefois une mauvaise surprise...
L’EMPRISE DES BRITANNIQUES...
ET DES AMÉRICAINS
À la fin de laguerre d’indépendance des États-Unis en 1783, les Britanniques et les Américains se disputent les territoires situés aux abords des Grands Lacs.
Les Canadiens français et les Métis qui y vivent continuent de faire la traite des fourrures, qu’ils envoient vers le nord.
Dans une lignée
d’entrepreneurs
Jean Baptiste Beaubien naît à Détroit, dans le Michigan, en 1787. Son arrière-grand-mère, Marie-Catherine Trottier, a consolidé l’entreprise familiale de traite de fourrures qui fait des affaires de Montréal jusqu’aux Grands Lacs. Son grand-père, Jean-Baptiste Cuillerier Beaubien, est l’homme d'affaires le plus prospère de Détroit.
Vers 1740, des voyageurs embauchés par son père Jean Baptiste Beaubien sillonnent déjà les alentours de Michillimakinac.
PROSPÉRER DANS
L'ADVERSITÉ
À 17 ans, Jean Baptiste sillonne la région des Grands Lacs pour approvisionner l’American Fur Company, incorporée par John Jacob Astor, premier millionnaire des États-Unis et fondateur d’une dynastie.
Comme bien des coureurs des bois, il tombe amoureux d’une jeune Amérindienne, qui meurt en accouchant. L’enfant ne survit pas.
À 18 ans, Jean Baptiste épouse la fille de Shabbona, illustre guerrier de la tribu des Outaouais. Mah-Na-Bun-No-Quah lui donnera trois enfants, dont Madore (Médard), avant de mourir en 1812.
LE MASSACRE DU FORT DEARBORN
En 1812, le fort Dearborn, situé au sud de la rivière Chicago, est attaqué par les Anglais. Ses occupants, surtout des Canadiens français et des Métis, sont massacrés.
Josette Laframboise, domestique métisse de 15 ans, parvient à s’échapper.
Le couple s’installe sur les ruines du fort.
Marchand, propriétaire terrien et
gentleman
À 30 ans, l’homme d’affaires achète son premier poste de traite, établi le long du mur du vieux fort Dearborn.
Le projet de construction du canal Érié, qui relie les Grands Lacs à l’Atlantique, attire des centaines d’ouvriers venant même d’Europe.
Visionnaire, Jean Baptiste invite son frère Mark, qui est toujours à Détroit, à le rejoindre.
Au fil des ans, Jean Baptiste devient propriétaire de plusieurs comptoirs de traite et de nombreuses terres.
UNE VILLE SUR UN MARÉCAGE
Entré vivant dans la légende de Chicago, Jean Baptiste est un homme instruit, élégant et raffiné. Son tempérament de chef l’amène à participer à toutes les étapes de la fondation de la Ville des vents et à assumer diverses responsabilités.
En 1830, les 250 pionniers qui vivent sur le marécage qu’est encore Chicago dessinent les premières rues.
Jean Baptiste obtient aussi la création d’une paroisse pour accommoder la centaine de Canadiens français catholiques qui vivent à Chicago.
Il assume une grande partie des coûts de construction de l’église Sainte-Marie.
Mark et Jean Baptiste s’intéressent à la littérature. Au mois de février 1836, ils créent le Chicago Aethenium, club littéraire masculin populaire visant à cultiver l’esprit.
Les rencontres des 36 membres ont lieu à l’hôtel de Mark et s’achèvent invariablement sur l’entrée des dames venues danser avec leurs maris.
La « malice » de
James Collins
L’ouverture du canal Érié entraîne l’augmentation de la population de Chicago et provoque la spéculation. À titre de pionnier, Jean Baptiste Beaubien possède de nombreuses terres.
En 1835, il accepte l’offre de la Ville d’obtenir les titres officiels de ses propriétés. Il verse alors la somme symbolique de 1,25 $ l’acre pour les 60 acres de terre d’un terrain aujourd’hui borné par le lac Michigan et les rues State et Madison. L’année suivante, cette vente est annulée sous le prétexte que l’ancien site du fort Dearborn est un terrain militaire.
Malgré le mot d’ordre des habitants de Chicago de ne pas enchérir au-delà de ce que Jean Baptiste pouvait payer, un certain James Collins fait grimper les enchères. Les citoyens ont beau le brûler en effigie, le 21 juin 1839, Jean Baptiste est bel et bien dépouillé.
Racisme envers le Canadien français d’origine? Le Chicago Daily American attribue à la « malice » de Collins l’injustice dont Beaubien est victime.
La résilience
Après s’être éloigné de Chicago pour s’établir dans une vaste maison de Naperville, Jean Baptiste se marie une quatrième fois, en 1859. Catherine, 25 ans, lui donne 3 enfants, portant à une vingtaine la progéniture de son mari.
Le « général John Baptiste Beaubien » continue de brasser des affaires avec des collègues de Chicago. Il meurt en 1864.
Qualifié d’homme le plus populaire de Chicago, Jean Baptiste aura été juge de paix du comté de Peoria, commissaire d’école, colonel de la milice du comté de Cook, brigadier général et enfin général, titre qu’il porte jusqu’à la fin de sa vie.
Homme d’affaires prospère et respecté de tous, Jean Baptiste ne l’est pas devenu du jour au lendemain. Adolescent, il arpente déjà la région des Grands Lacs pour faire sa place dans la traite des fourrures. La persévérance est la clé de son succès.